Auteur/autrice : etienne

La lettre

Dans ses nuages…

du 20 au 23 décembre 2016,

Etienne, tu es dans les nuages…

Bonjour à toutes et tous,

Je suis dans les nuages… je suis dans ses nuages ! Ces nuages cernés, si caractéristique du peintre sur lequel, vous l’avez compris, j’ai plaisir à travailler. Grands aplats de couleurs juxtaposées qui habillent un ciel souvent bleu, qui soulignent un détail d’architecture, participent à la construction du tableau. Je peux dire sans difficulté que je suis, de ses petits neveux, celui qui passe désormais le plus de temps dans ses nuages. Doux état que celui de l’obnubilé… Concentré sur son sujet, planant dans la vie de ses « personnages » ; il vogue dans son cocon ouateux, un peu indifférent à ce qui s’agite autour de lui : c’est un état bien agréable… sauf peut être pour l’entourage. Que je me dois ici de remercier pour son indulgence !

Extrait de l’album Nos As de l’Aviation, texte d’André George, illustrations de Kerga.
Reproduction mécanique. Tous droits réservés

Je me promène dans le siècle passé et, émergeant d’un joli cumulus de beau temps, survole une comtesse qui sillonne la contrée à bicyclette – portant chapeau, admire une marquise qui fonde un sanatorium marin – faisant oeuvre utile de sa fortune plutôt que de la laisser à des proches financièrement inconséquents, et croise des gamins bien de leur siècle qui se passionnent pour le fouteballe[1], et qui, revenant du grand meeting d’aviation à la préfecture, rêvent d’aéroplane pour Noël. Mais la guerre menace, l’on parle un peu partout du projet des trois ans de conscription et bientôt je devrai côtoyer l’horreur de la guerre, que l’on nommera grande, et que l’on souhaitera ensuite si fort « der. des der. »… Mon voyage dans le temps ne fait que commencer… Il me mènera au delà de la suivante, de guerre odieuse ; mais je ne sais pas encore quand j’arriverai à ce terme !

Si je vous souhaite à tous un très joyeux Noël, vous pouvez me souhaiter bon voyage, en nuages et en archives !

A très bientôt

Etienne

 

[1]graphie trouvée à la fois, sur une carte envoyée par son neveu Jules de Kerbriant à sa tante, la Comtesse René de Kergariou, et dans « les beaux quartiers » d’Aragon p. 425 de l’édition folio de 1997

Les événements

Agenda de l’été 2018

Les conférences de l’été… sortez vos agendas :

Mardi 17 juillet 2018

11h, à Carantec, devant l’office du tourisme

A la recherche de la villa Kernot

balade musicale avec Olivier Depoix et Etienne de Kergariou.

 

Jeudi 26 juillet

&

Jeudi 9 août

17h15, devant l’accueil de la fondation Ildys, Perharidy à Roscoff.

 Kerga & le décor de la salle des fêtes de Perharidy.

Découvrir le peintre & comprendre le décor du sanatorium marin. Animé par Etienne de Kergariou, dans le cadre des Jeudis culturels de Perharidy.

Fonds de documentation

« Station balnéaire de familles »

Brochure du Syndicat d’Initiatives de Carantec. Fonds de documentation de l’association KGA.

Premier achat du fonds de documentation de l’association, ce dépliant répertorie les différents hébergements de la Station balnéaire de familles qu’est Carantec. Le point de vue est le paysage le plus emblématique de la commune : l’Île Louët et le château du Taureau, égayé par un voilier qui se laisse porter par une brise légère sous la pointe de Penn Al Lann.

Radicale efficacité du trait et de la composition : l’artiste décide d’encadrer la scène par des pins maritimes, ceux là même qui sont associés depuis le début du siècle aux bords de mers ensoleillées. Il convoque ainsi, malgré la contrainte économique de l’impression en noir et blanc, la couleur dans notre imaginaire : la mer devient verte et le ciel bleu et, exceptionnellement chez lui, pas un nuage n’orne le ciel. Heureusement son monogramme KGA s’intègre entre les branches pour achever de le reconnaître.

La matrice de cette image est probablement une gravure sur linoléum. Et il reste de plus à dater la parution de ce document, petit travail de détective à effectuer en recoupant les dates d’existence des différents annonceurs de la brochure ! Si vous pensez pouvoir nous aider, n’hésitez pas…

Acquise à l’automne 2017

EdK

Brochure du syndicat d’initiatives de Carantec. Fonds de documentation de l’association KGA
La lettre

De lumières surgissant de l’ultra-noir.

Les schistes du Roz Du. Gravure sur bois rehaussée d’encre de chine, planche tirée à part de l’album de l’Armor à L’Arré. shd KGA. Tous droits réservés.

9 décembre 2016,

De lumières surgissant de l’ultra-noir.

Bonjour à toutes et tous,

Pour commencer, une petite leçon de breton, avec mes excuses à ceux qui connaissent déjà ce détail…

En breton, le mois de novembre se dit Miz du, littéralement : le mois noir.

Et décembre alors, me demanderez-vous ? Et bien, c’est Kerzu : le très noir !

Saisissante manière qu’a cette langue d’évoquer la rudesse de ces jours sombres, qui ne cessent plus de décliner, souvent assombris, qui plus est, par les dépressions atlantiques automnales et leurs bas cieux noirs.

Cette année mis du et kerzu sont lumineux en péninsule armoricaine. Aussi lumineux que des toiles noires de Soulages ! Les journées de soleil se succèdent, certaines froides et d’autres douces, venteuses ou calmes, peu importe, nous récoltons notre dose quotidienne de lumière. L’hiver n’en paraîtra que moins long.

 

Lumière que l’on trouve aussi, si belle, dans l’univers de Kerga. La saison étant propice aux séances de travail à l’ordinateur, je continue mes recherches et la rédaction de textes sur ce peintre, dont j’apprécie le travail et pas uniquement par devoir filial !

Je recopie actuellement quelques dizaines de cartes postales échangées pendant la jeunesse de l’artiste, entre sa mère et sa grand-mère, puis entre des proches de la famille. Pourquoi ? Pour essayer de valider, d’argumenter ou de corriger les intuitions que j’ai sur les conditions matérielles et affectives dans lesquels a grandi sa fratrie. Ces cartes postales sont un peu l’équivalent de nos modernes SMS… quelques mots écrits à la hâte pour accuser réception d’un colis, pour annoncer son heure d’arrivée ou fixer un rendez-vous. On abrège, on fait vite pour ne pas rater la levée, on colle une semeuse verte, dans la boîte et, quelques heures après, le destinataire en prend connaissance.

Les cartes sont tamponnées au bureau de départ et à celui d’arrivée : on découvre qu’un courrier posté le matin à Roscoff arrive dans l’après-midi à Carantec, le mot envoyé de Londres arrive le jour suivant à Quimper !

Si certaines cartes n’apportent pas d’informations importantes, je glane çà et là matière à argumenter pour mon prochain chapitre, en attendant d’aller chercher et trouver, là ou ailleurs, d’autres informations. Ce travail de recherche est passionnant mais je ne sais pas encore jusqu’où il me mènera & je ne suis pas sûr d’avoir pleinement conscience de l’ampleur de la tâche !

A très bientôt

Etienne

PS : je découvre ce soir que mes grands oncles Kergariou ont appris a nagé à l’été 1909… En voilà une information capitale ! Ils avaient 10 et 11 ans.

copie d’une carte envoyée par Lizzie de Kergariou à sa mère partie pour un court séjour à Londres.

19th August (1909)

My dear Mamma. Expected more news of you. Am not sure of your address. Glad you got over so quickly, lucky you went before the storm. Hope you have got over fatigue. All well here. X & C know how to swim now. Had a flying visit of Henry alone last week & yesterday Edgar came.

love & Kisses from all & kind souvenir to Charlie your afft daughter

Lizzie

Ma chère maman.

Attendais plus de nouvelles de ta part. Ne suis pas sûre de ton adresse. Heureuse de savoir que tu as pu traverser si vite, quelle chance que tu partes avant la tempête. Espère que tu es reposée maintenant. Tout va bien ici. X(avier) & C(harlie) savent nager désormais. Reçu une visite rapide d’Henry, venu seul, la semaine dernière & Edgar est venu hier.

Baisers de nous tous & mon tendre souvenir à Charlie. Ta fille, affectueusement.

Lizzie

La lettre

« Les Émigrants »

Dessin préparatoire au livre sur le Tro Breiz préparé par Kerga et Fanch Gourvil mais jamais publié. Tous droits réservés.

1er décembre 2016,

Bonjour à toutes et à tous,

Pas vraiment une lettre ce matin, juste l’envie de partager avec vous ce poème, que je viens de recopier, tout plongé que je suis dans le projet de livre sur mon grand-oncle Charlick.

Les Émigrants

Leurs yeux lourds de sel

et leurs mains friables

on nage en choeur tant qu’il fait jour

criait le maître des épaves

on suit la pente

on se souvient des bords de route

et de l’ouvrage

et de ces faubourgs aboyeurs

où les femmes savent attendre.

Armel Gourvil

(vers… 1953 !)

Armel fut le compagnon de route de Kerga sur le chemin du Tro Breiz en 1945.

A très bientôt

Etienne

Les événements

Kerga au salon nautique de Roscoff

Le port de Roscoff, encres sur papier, shd KGA, Tous droits réservés.

28 et 29 avril 2018, vieux port   10h – 19h

L’association Kerga est conviée au salon nautique de Roscoff qui accueille cette année des artistes attachés à la Bretagne et à son espace maritime. Kerga y a trouvé une petite place au milieu d’exposants qui sont eux, bien vivants ! Des bénévoles de l’association seront présents pour communiquer sur l’artiste et sur l’association qui le défend.

Les événements

« Un Littoral Enchanté »

A l’heure de la création de ce site, cette annonce de parution n’est plus d’une grande nouveauté. Mais comme c’est cet ouvrage qui a, indirectement, lancé le travail de recherche, d’où procède la création du site kerga.bzh, c’est la moindre des justice de lui rendre hommage ici.

Si vous ne connaissez pas encore ce livre, précipitez-vous chez vos bons libraires !

EdK

La lettre

Il était une fois…

Louise la fée et la sorcière Réalité.


Il était une fois, dans un joli château situé au fond d’une calme ria, un comte et une comtesse qui fêtaient la naissance de leur deuxième fils. Ils invitèrent pour le baptême leurs nombreux amis et leur large famille ; parmi elle était une bonne fée, qu’ils choisirent pour devenir la marraine de leur enfant. Cette fée, portant le doux prénom de Louise, était belle, riche, généreuse et aimante. Quelques années auparavant, elle avait choisi d’épouser un marquis, pauvre mais très gentil, qu’elle avait eu à coeur de rendre heureux.

Tous droits réservés.

Comme le beau salon du château n’était pas très grand, le comte et la comtesse s’abstinrent de convier la triste sorcière Réalité, parente éloignée de leur maison ainsi que de toutes les familles qui vivaient dans la contrée. Cette sorcière, du fond de son antre misérable, passait son temps à dessiner en noir le futur de tous les gens qui ne la regardaient pas en face. Or le comte et la comtesse ne l’aimaient pas du tout, évitaient de la croiser et lorsque cela arrivait, ils détournaient le regard vers quelque chose de joli : paysage rieur de la campagne, charmant ornement d’une maison en ville, puis trouvaient bien vite quelques gens heureux de vivre là pour discuter avec eux… et Réalité passait, fulminant contre ces belles gens, envers elle seule dédaigneuses.

Or, comme Réalité cheminait ce jour-là sur le chemin de halage, en contrebas du château, en quête de quelques tourments à faire aux distraits qui ne la salueraient pas, elle entendit les bruissements heureux qui s’échappaient des fenêtres ouvertes sur le vallon verdoyant en cette belle fin de journée d’été. Elle vit les calèches de tant de gens de sa parenté que, furieuse de n’avoir pas été invitée à une fête, elle entra sans se faire annoncer.

Le tableau touchant qui s’offrait à elle aurait pourtant pu l’adoucir : des enfants jouaient, les adultes se pressaient autour du berceau, promettant un bien beau destin au nourrisson. Certes il ne deviendrait pas, comme son grand frère, le nouveau comte du domaine, mais il avait déjà reçu l’assurance de parler plusieurs langues : le français, l’anglais – don de sa grand mère britannique – et le breton – don de la vieille Jeanne-Marie, la servante dévouée.

La sorcière franchit le seuil de la porte au moment où la fée Louise lui assurait talent et bonheur. C’était sans compter sur le coeur de pierre de la sorcière, nullement attendrie.

Elle cria, interrompant la fée :

– « Mais tu mourras pauvre et malade, loin de ta famille, et tes parents seront ruinés pour avoir ignoré Réalité… et tes frères mourront tous à la guerre ! » Satisfaite, elle tourna les talons dans un long et sinistre éclat de rire…

La bonne fée tenta de calmer tous les esprits, terminant ainsi :

– « Mais grâce à ton talent lumineux ton souvenir se perpétuera et restera attaché à celui de ta tendre marraine. »

Sans pouvoir toutefois défaire le sort jeté par la sorcière, qui était tout aussi puissante qu’elle.

Tout le monde oublia bien vite Réalité et ses sombres présages, le comte et la comtesse en premier, et la fête reprit son heureux cours.

Seule la bonne fée Louise s’inquiétait parfois, qui décida de bâtir une très grande maison au bord de la mer turquoise, pour tous les enfants victimes des tourments qu’infligeaient Réalité aux adultes. Les petites filles et les petits garçons qui venaient dans ce paradis retrouvaient sourire, bonne mine et santé…

 

Bonjour à toutes et tous,

Ce texte, rédigé à l’hiver 2016, alors que je balbutiais dans mes recherches, fut pour moi un outil mental pour planter le décor de l’enfance de Kerga. Je le relis ce soir et trouve qu’il vaut mieux que ce que je craignais lorsque je l’avais terminé et laissé au fond d’un dossier de mon vieil ordinateur portable (vénérable ancêtre Acer acquis en 2002… qui fait office de machine à écrire lorsque je suis à bord). Je doutais alors de la pertinence de ce conte autant que de sa tournure. Je suis convaincu aujourd’hui qu’il m’a aidé à construire le jeune Charlick et, même si je n’arrive toujours pas être juge de ses qualités et défauts, j’ai envie de lui donner sa liberté…

A très bientôt

Etienne