Kerga et la Ligne claire
La Chaffuste, le 10 septembre 2018,
Bonjour à toutes et tous,
En ces temps de rentrée, je suis allé la semaine dernière à la librairie pour acheter des livres pour préparer mon année universitaire (je viens de clore en début d’après midi mes formalités d’inscription en master 2 à Brest ; département Arts et Lettres ; mention Civilisations, Cultures et Sociétés). Comme les livres que je souhaitais acquérir n’étaient pas en rayons, je les ai commandés, mais j’ai tout de même acquis un ouvrage très sérieux, et très attirant, pour me mettre au boulot… Le dernier Hergé ![1],
Il ne s’agit pas d’une bande dessinée posthume qui aurait été redécouverte, mais du catalogue d’une exposition qui s’était tenue au Grand Palais à Paris il y a bientôt deux ans.
Croyez moi ou non, je l’ai bien acheté, non pour me divertir avec Tintin, mais bien pour mon boulot : je ne compte plus les occasions où les personnes à qui j’ai montré les œuvres de Kerga me dirent : « c’est fou ce que cela fait penser à de la BD »
ou bien « cela évoque vraiment la Ligne Claire ».
Les BD dans l’entre deux guerres, la Ligne Claire… Il devenait urgent pour moi d’y voir un peu plus… clair, pour tâcher de comprendre quelles ont pu être les influences de Kerga, et aussi de vérifier si certains aspects de son travail sont dans l’air du temps, ou bien novateurs.
J’ai donc appris en lisant ce catalogue d’exposition que la « ligne claire », théorisée par un graphiste hollandais, Joost Swarte, répond à des règles bien définies, et que seuls quelques albums d’Hergé et d’Edgar P Jacobs, créé dans la deuxième moitiés des années 50, en respectent toutes les caractéristiques dont par exemple :
– trait régulier
– pas de hachures ni de grisés
– couleurs en aplat
– réalisme des décors…
Donc, non, on ne peut pas appliquer le concept de « ligne claire » chez Kerga, tout simplement car il n’a jamais réalisé de BD !
Mais d’un autre côté certaines œuvres évoquent fortement ce style.
Pourquoi ? J’ai tendance à croire que l’époque y était favorable : entre le japonisme qui a bercé la France depuis la fin du 19ème (gravures d’Henri Rivière) et l’apparition des premières Bandes Dessinées de Christophe (La Famille Fenouillard, Le Sapeur Camembert) ou celles réalisées par l’écrivaine Jacqueline Rivière et le dessinateur Émile-Joseph-Porphyre Pinchon (Bécassine). Il me reste encore un bel écheveau à démêler pour y voir enfin clair dans les influences de Kerga.
A très bientôt
Etienne
[1]Collectif. Hergé. Catalogue d’exposition. Paris, Grand Palais, Galerie Nationale. 28 septembre 2016 > 15 janvier 2017. Editions Moulinsart ; Réunions des Musées Nationaux Grand Palais.