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Les événements

Mardi 13 novembre, 18h00, conférence Kerga dans le cadre…

Morlaix, ancien lycée de Kernéguès, place Onésime Kérébel, organisée par le musée de Morlaix.

L’oeuvre de Kerga au travers de l’album de l’Armor à l’Arré.

Animée par Etienne de Kergariou.

Droit d’entrée : 6,60 € – 5,30 € (Tarif réduit) NB : le tarif réduit n’est pas valable pour les membres de l’association Kerga… mais pour les amis du musée de Morlaix ou les étudiants.

Nombre de places limitées ! Pensez à réserver auprès du musée : museedemorlaix@villedemorlaix.org

DE L’ARMOR A L’ARRE

En 1927, De l’Armor à l’Arré fut le fruit de la jeune collaboration de l’artiste synthétique Kerga et de l’érudit celtisant Fanch Gourvil.

Une publication hors norme : 435 exemplaires, dans chacun douze gravures, réhaussées d’encres colorées, appliquées au pinceau par l’artiste… cela fait 5220 planches qui sont chacunes traitées avec application et finesse. A feuilleter simultanément plusieurs exemplaires, on observe une variété dans le traitement, souvent ténue, parfois plus importante. Plaisir rare offert à l’amateur qui sait dans quelles bibliothèques dénicher ces trésors ; plaisir partagé lors de cette soirée grâce à une projection à l’écran des reproductions de quatre albums.

Cette présentation vous permettra non seulement de découvrir cet album dans lequel Kerga, âgé de 28 ans, a déjà posé tous les thèmes fondamentaux qui caractérisent son art, mais aussi d’évoquer les développements ultérieurs de sa carrière.

Fonds de documentation

Armen n°42 ; catalogues des exposition de Morlaix en…

Bonjour à toutes et à tous,

Vous pourrez lire ci-après quelques idées couchées sur le papier au printemps 2017, alors que je cheminais sur le sentier des douaniers, profitant d’une brève accalmie vespérale après une journée bien remplie. Ces réflexions sont une manière de présenter ces trois documents de notre fonds. Les deux premiers, Armen et Kerga aux Jacobins de Morlaix, ont été jusqu’à la parution d’ « Un littoral enchanté », les publications de référence sur Kerga :

(Numéro d’Armen : don d’Etienne de Kergariou ; catalogues de l’exposition de 1994 et de celle de Vannes en 2002 : offerts par Jean-Luc Guinamant)

Armen n°42 ; catalogues des expositions de Morlaix en 1994 et de Vannes en 2002.

La chose imprimée fait autorité. Lorsque je lis un article ou un livre, je considère a priori que ce qui y est écrit est vrai et j’avais ainsi plus ou moins intégré, assez naturellement, depuis l’exposition consacré à mon grand-oncle en 1994 à Morlaix que :

« Certes Kerga n’est pas, comme le rappelle René Le Bihan dans l’article qu’il a consacré au peintre dans la revue Ar Men, « l’auteur du chef-dœuvre inconnu, le génie négligé que certains attendaient… » mais son travail mérite aujourd’hui d’être redécouvert »

(P. Jourdan, catalogue de l’exposition de 1994 à Morlaix)

Mais aussi que :

« En vérité, point n’est besoin d’agiter des noms célèbres pour que Kerga, tout amateur qu’il fût, prenne place parmi les décorateurs bretons. »

« La taille du décor (de Perharidy) l’audace et la qualité de la couleur nourrissent une émotion visuelle. On en oublie la lourdeur et la maladresse du dessin, la naïveté incontestable de la mise en place. Parce qu’il était autodidacte, Kerga maîtrisait parfois mal les compositions ambitieuses où il s’était risqué. Au total, le sens de l’effet, la hardiesse de la transposition atténuent la faiblesse du métier, sans parvenir à gommer un irritant « effet de chromo ». Et l’on comprend bien que certains regards s’en agacent. Pourtant, un trouble profond tempère ces réserves, celui qui surgit de l’évocation simplifiée d’un monde à peu près disparu : le Léon paysan ou maritime des années 1930 et le sanatorium, aux enfants malades ou convalescents. »

(R. Le Bihan, article « Roscoff, un décor en péril », revue Armen, avril 1992)

C’est le regard d’autres artistes qui m’a donné confiance dans la qualité de son travail et je remercie particulièrement Annick Eschermann qui a été la première artiste à me faire part de son enthousiasme lorsqu’elle a découvert les quelques œuvres de Kerga contenues dans le catalogue de 1994 ainsi que les décors de Perharidy que nous avions été voir dans le nouveau gymnase. Elle l’a apprécié au point de lui rendre un discret hommage dans le portrait du voilier sur lequel mes parents tiraient un bord dans le chenal de Batz, ses nuages y évoquent la manière caractéristique de Kerga. Il me semble que le purgatoire de Kerga et de ses contemporains figuratif est définitivement passé, en témoigne l’exposition de 2002 à la Cohue de Vannes, dans le catalogue de laquelle on ne retrouve plus de réserves sur le style de Kerga, ou encore le récent déménagement de la très grande toile du musée de Rennes le moulin du Dourduff, qui en orne désormais le hall d’entrée (ancien décor de l’hôtel de Primel-Trégastel à Plougasnou).

Chaque personne, chaque artiste à qui j’ai montré mon catalogue encore maigre m’a appris à mieux apprécier ses œuvres (et je suis certain de leur sincérité, il ne m’ont pas dit « que c’est beau » juste pour me faire plaisir !)

Montrer les reproductions m’est utile : certains tableaux, que je n’aime pas plus que cela, plaisent à d’autres et, par les commentaires qu’ils font ou juste en les observant regarder, j’apprécie mieux certaines compositions. Je ne les aimerais peut-être pas plus, mais je les comprendrais mieux !

Pour en revenir à cet article de René le Bihan dans Armen : à chaque époque ses préjugés, et le préjugé qui dédaignait l’art décoratif des années 1930 était fortement ancré dans les institutions, si j’ai bien compris. L’action de René le Bihan pour la sauvegarde des décors de Perharidy lui assure toute ma reconnaissance, quand bien même il les aurait défendus pour leurs côtés documentaires plus que pour ses qualités artistiques ; et j’ai la même reconnaissance pour l’action de Patrick Jourdan dans la diffusion de l’œuvre de Kerga, sans l’exposition qu’il a contribué à organiser, je ne ferais pas ce travail aujourd’hui. Lorsque je cite ces extraits, cela n’est donc pas pour dénigrer leurs auteurs mais bien pour montrer d’où je suis parti intellectuellement pour reconnaître la qualité artistique de Kerga. A chaque fois que j’ai observé l’enthousiasme des personnes à qui j’ai montré les reproductions que j’ai collectées, à chaque nouvelle œuvre découverte, les réserves anciennes sur la « maladresse » de ses compositions sont mentalement tombées, progressivement et de manière inconsciente. Ce qui fait qu’aujourd’hui certains propos autrefois acceptés m’apparaissent, lorsque je les relis ce soir, scandaleux, en leur accordant néanmoins toutes les circonstances atténuantes.

Et je comprends en rédigeant ces lignes pourquoi je le présentait ainsi il y a quelques mois : « figuratif, naïf mais pas maladroit, avec un très beau sens de la composition et un excellent coloriste ». Si j’avais ce besoin de préciser qu’il n’était pas maladroit, c’était sans doute pour m’affranchir de cette critique, que j’avais lue et intégrée…

Enfin, Je terminerai en analysant le qualificatif « d’amateur » que René Le Bihan lui accordait. Etant donné l’état des connaissances il y a 25 ans, était-ce choquant de le penser ? Après neuf mois de recherche, je suis parfaitement en mesure d’affirmer l’inverse, et seul l’acception étymologique de l’amateur – qui aime – peut lui être associée.

Il a vécu de sa peinture pendant 25 ans, plus ou moins bien certes (mais il n’est pas le seul dans ce cas !) Il n’est donc pas amateur dans le sens : amateur versus professionnel.

Et en ce qui concerne la maîtrise et la cohérence de son style, j’ai hâte de vous faire découvrir l’intégralité de mon amorce de catalogue, rien d’amateur là dedans non plus, puis-je vous assurer !

A bientôt

Etienne