Auteur/autrice : etienne

La lettre

In memoriam Xavier de Kergariou

Le moment me semble opportun pour rendre hommage au frère aîné de Charlick, en ces temps de commémoration de la fin de la première guerre mondiale. Voici un courrier écrit l’année dernière qui honorera, je l’espère, sa mémoire.

EdK – 19 octobre 2018.

archives familiales, tous droits réservés

De là, où plongent mes plus anciennes racines, immémoriales,

aujourd’hui l’on s’envole…

ailleurs.

Bord de l’Armorique, Manche Ouest,

 ciel dégagé sur la mer, nuageux sur la côte anglaise…

(août 2017)

Bonjour à toutes et à tous,

En écho à l’exergue, le souvenir de ce concert du petit Festival dans l’église de Ploujean : Trio Chemirani. Un père et ses deux fils, originaires d’Iran, jouent de la musique classique persane. Trois percussionnistes pour deux types d’instruments : zarb et daf.

– Le zarb terrien, vase de terre cuite dont l’embouchure est tendue d’une peau. Les membres de la famille Chemirani en exploitent toutes les possibilités expressives : jeu des doigts ou de la paume ; sur le corps de l’instrument, sur sa peau ; mais aussi jeu harmonique : une main modifie la tension en appuyant sur la peau pendant que l’autre la fait sonner…

– Le daf, aérien, cercle de bois recouvert d’une fine peau blanche. Lorsque le benjamin en joue, son instrument devient oiseau, s’élevant lentement au fur et à mesure que la phrase musicale se développe. Plusieurs fois j’ai cru que rien n’arrêterait son envol et qu’il irait planer sous la voûte de l’antique nef de l’église de Ploujean.

Suivant une tradition, Saint-Riou ou Saint-Rioc, qui vivait dans le IVesiècle, aurait été de la maison qui porte aujourd’hui le nom de Kergariou.

Un Riou, qui était de la suite d’Alain Fergent, eut deux fils, Jarnagon et Guillaume, qui s’appela Gariou. Celui ci quitta la Cornouailles qu’avait habitée ses ancêtres, pour venir s’établir près de Morlaix, dans la terre à laquelle il donna son nom de Kergariou, qui veut dire : Ville du parent de Riou, et qu’on prononce encore à Ploujean Ker-Gar-Riou, en appuyant sur les trois syllabes.[1]

Après ce concert, en revenant à Guimaëc par un joyeux covoiturage locquirécois, nous passons par l’aéroport et, le manoir de Kergariou ayant été détruit à la construction du champ d’aviation de Morlaix, je raconte à l’équipage que je suis originaire de là… & il me vient l’idée que c’est plutôt heureux, d’avoir des racines dans un aérodrome, surtout lorsque l’on porte comme devise : Là ou ailleurs !

De là, où plongent mes plus anciennes racines, immémoriales,

aujourd’hui l’on s’envole…

ailleurs.

Si j’avais découvert, lycéen, lors d’une exploration à la bibliothèque de Morlaix l’extrait de l’armorial précité qui m’avait appris d’où les Kergariou était originaire, des pans entiers de mémoire avaient disparu, alors que l’une des caractéristique de ces filiations aristocratiques est l’importance de la transmission mémorielle.

Cette double rupture s’explique par les deux générations d’enfant qui n’ont pas connu leur père, mon père est né après l’arrestation du sien et mon grand père n’a connu le sien que jusqu’à 8 ans, et encore, un père malade et diminué physiquement et psychologiquement depuis qu’il avait deux ans…

Comment expliquer autrement qu’adolescent, la première fois que j’ai porté attention aux noms inscrits sur le monument aux morts de Carantec, j’ai été surpris d’y lire le nom d’un Kergariou : Xavier, mort en 1918. Y avait-il un lien de parenté ? J’étais incapable de le dire… Inconnu car oublié.

J’ai appris ensuite, probablement en 1994, lors de l’exposition dédiée à Kerga au musée de Jacobins à Morlaix, qu’il était mon grand-oncle et qu’il avait été aviateur…

Puis, lorsque je réalisai une édition familiale du journal intime tenu par ma grand-mère Kergariou, je me désolais de n’avoir pas même une photo de lui. Je me rendais compte qu’il était, chez nous, un grand oublié. Je n’avais guère que quelques cartes postales envoyées à ses frères au début de son engagement de la grande guerre, ainsi que quelques autres qu’il avait reçu enfant, de ses mère et grand-mère, frères, amis d’enfance, cousins et cousines.

Lorsque je recopiai à l’automne dernier les cartes échangées entre sa mère, Lizzie, et sa grand-mère Susan, voici ce que j’apprenais d’un départ du jeune engagé :

22nd Oct

My dear Mamma

(…) Xavier was very brave but of course very cruel parting. I had to be up at 2 O.Clock to accomp.ed him to the station. When I got back at 7, through myself all dressed in my bed completely done up with emotion & slept heavily till eleven through all the noise of other two utterly unable to move out of my torpor. (…)

Your afft daugther Lizzie

Ma chère Maman,

(…) Xavier fut très courageux mais ce fut évidemment une séparation cruelle. Il a fallu que je me lève à 2 heures pour l’accompagner à la gare. Lorsque je revins à 7 heures, je me jetai toute habillée, complètement épuisée d’émotion et je dormis profondément jusque 11 heures, malgré tout le bruit que faisaient les deux autres, complètement incapable de m’extirper de ma torpeur. (…)

Ta fille affectionnée Lizzie

Il y a un peu plus d’un an, mon beau-frère me signale l’existence sur la toile d’une fiche sur lui, créée par des historiens de la commune de Saint Martin des Champs, où est né Xavier, qui ont constitué une base de données de l’ensemble des Saint-Martinois tombés lors de la guerre 14-18 et, surprise ! Sa page est illustrée d’une photo. Je me demandai vraiment où et comment et par quel miracle ils avaient pu trouver une photo d’un jeune homme mort à vingt ans, sans descendance, alors qu’aucun cliché de lui n’était connu chez les descendants de ses deux petits frères…

J’aurais la réponse quelques mois plus tard, au cours des recherches sur son frère Charles, auprès d’une cousine de Lesmaës, ce château étant à l’époque la propriété de leurs oncle et tante Gonzague et Yvonne. Leur fille Naïc (1899-1928), très attachée à Xavier, avait pieusement conservé dans son missel la photo de son cher cousin, dûment annoté :

Xavier de Kergariou

mort au champ d’honneur

le 30 sep. 1918

au combat de Pargny Filain

à l’âge de 20 ans

Elle avait aussi conservé le mot de condoléance suivant (séquence émotion garantie… sortez vos mouchoirs…) :

Aux armées, le 3 octobre 1918

A monsieur de Kergariou

Depuis hier, j’hésite monsieur sachant combien triste et foudroyante sera la nouvelle que mon devoir me commande de vous apprendre.

Votre fils, un de mes meilleurs auxiliaires vient de succomber en héros, pour la patrie, face à ces boches exécrés. Je ne commande cette compagnie que depuis peu de temps, je fus appelé à répondre à la demande de renseignements adressée par monsieur son oncle ce que je ne puis faire que à regret, ne le connaissant pas suffisamment.

J’eus à ce moment un entretien avec lui et une promesse était formelle dès que je l’aurais apprécié au feu il avait ses galons de sous officier et par suite d’officier. Nous partîmes à l’attaque le 27, une mission très délicate et périlleuse lui fût confiée par moi, elle fut remplie avec tout le zèle et le courage que j’ai mieux appréciés encore par la suite car le lendemain matin, lors d’une patrouille extrêmement difficile, je demandai des volontaires, le premier qui répondit présent ce fût lui, il partit avec un entrain au dessus de toute éloge et revint après avoir accompli sa mission aussi bien que la veille, il était enchanté, car de ces deux opérations il en aurait été récompensé par la médaille militaire et par sa nomination de sous-officier. Le 30, nous attaquons un troisième objectif, ce fût terrible, mon fourrier tué à mes côtés, apercevant de Kergariou à 3 mètres de moi dans un trou d’obus je lui dis prenez les papiers du fourrier vous le remplacerez, ce ne fut hélas que pour bien peu de temps, car, aussitôt continuant mon attaque j’arrivais enfin à l’objectif, je fus surpris de ne pas le voir arriver avec moi, j’appris par la suite qu’il tomba en se portant en avant frappé d’une balle au front.

Si cette triste nouvelle est irréparable pour votre cœur de père, elle ne l’est pas moins pour mon cœur de chef, vous avez perdu votre fils, la France a perdu un brave parmi les braves et j’ai perdu le gradé qui dans toutes les circonstances où je l’ai connu, estimé et aimé fût le plus bel exemple de courage, de sang-froid animé de la haine du boche, aussi oui je l’aimais et je conjure qu’il sera vengé et non seulement par moi mais par tous ses camarades de la compagnie au nom de qui je vous prie d’accepter nos plus sincères condoléances et d’agréer mes plus respectueuses civilités.

Ancelot – Lieutenant

164ème6èmeCie – S.8.157

note : cet envoi est adressé à Gonzague, qui est l’oncle de Xavier, mais que l’officier qui rédige la note pense être son père.

L’année suivante, sa mère, Lizzie, prend le train pour un pèlerinage vers l’Est… je lui laisse la plume :

Carantec 25/9/19

Ma chère Yvonne

Je vous remercie de votre mot aimable et aussi de m’avoir gardé Gabie pendant mon absence, s’il a été sombre, toujours est-il qu’il est revenu enchanté de son séjour parmi vous et fou à l’idée de revoir le vieux Ben sous son commandement. Il ne rêve plus que le moyen de l’aller chercher. Je suis revenue bien chavirée de mon pénible, horriblement pénible pèlerinage ; mais je suis consolée de l’avoir fait enfin et d’avoir retrouvé le champ de repos de mon pauvre petit, là, comme le faisait remarquer l’officier qui m’accompagnait, au premier rang, aussi loin que la cie d’attaque avait pu aller, ce jour fatal, au bord du canal, à 50 mètres de l’ennemi, en plein champ découvert ! Ils sont 11 héros dans cette triste fosse, véritablement un entonnoir creusé par une bombe que les brancardiers n’ont eu qu’à recouvrir ! Qu’il m’a été dur mon dieu de ne pouvoir encore donner une sépulture décente à mon pauvre enfant, et de le quitter ainsi !

Je vais faire dire le service anniversaire mardi prochain à St Martin des Champs. Vous verrez dans la dépêche l’heure fixée, 10 heures probablement, je pense que Charlic ne manquera pas d’y venir. Je vous remercie de penser au beurre, nous mangeons du pain depuis notre retour, si donc vous pouvez m’en procurer pour mardi un, deux ou trois kilos (je trouverai toujours à placer ce que j’aurais de trop à moins de le saler et conserver ce qui serait mieux) je vous serai très reconnaissante.

Encore merci pour Gabie et croyez bien à mon affection sincère

Lizzie

Xavier ne fut pas aviateur, comme l’avait embelli une légende, mais au moins n’est-il plus pour moi un parfait inconnu et il s’est constitué une juste place dans mon cœur et dans mes pensées. Il peut, lorsque mon souvenir l’évoque ou lorsque je passe devant le monument aux morts de Carantec, s’échapper quelques instants de la froide pierre noire où sa mémoire est gravée.

A très bientôt

Etienne

[1]In armorial de Bretagne, auteur de la Grassière

Les événements

Conférence sur l’album « de l’Armor à l’Arré », dimanche 26…

La vieille église d’Henvic, gravure sur bois, planche tirée à part de l’album  » de l’Armor à l’Arré « , sans signature.

L’association Kerga propose une conférence à Henvic, le dimanche 26 août à 18h30, dont les bénéfices iront à la restauration du retable, prise en charge par l’association Glad Henvig.

Le public aura l’occasion de découvrir la vie de l’artiste peintre Charles de Kergariou (1899-1956), illustrée par la projection de nombre de ses œuvres. Ensuite, Etienne de Kergariou, petit-neveu de Kerga et coordinateur de l’association du même nom, présentera le bel album « de l’Armor à l’Arré » luxueuse publication parue en 1927 : 12 bois gravés de l’auteur présentés par Fanch Gourvil.

L’une des planche de cet ouvrage représente la vieille église d’Henvic, celle là même qui abrita pendant plus de 300 ans les deux panneaux peints au 16èmesiècle…

A noter qu’un concours est organisé par la revue Pélerin pour soutenir financièrement le projet qui fait l’objet de la plus forte mobilisation, (vote en cours jusqu’au 28 août), N’oubliez pas de voter pour ce bel objet patrimonial.

http://bit.ly/PrixduPatrimoine

Salle de la Mairie d’Henvic, dimanche 26 août 2018 à 18h30. Libre participation au bénéfice de l’association Glad Henvig, affectée à la restauration du retable.

 

La lettre

Le Calvaire de Plougonven

Le Calvaire de Plougonven, planche de l’album de l’Armor à l’Arré, exemplaire n°113. Gravure sur bois rehaussée d’encres.

Bord de l’Armorique, port du Bloscon à Roscoff, le 19 juillet 2018.

Bonjour à toutes et tous,

Me voici de retour à bord après trois semaines à terre bien chargées, assis au bureau de ma cabine. Le soleil entre par le hublot, des nuages inoffensifs se sont formés vers l’intérieur des terres.

Je n’arriverai pas à résumer ces trois semaines en une lettre tant elle furent emplies de concerts, d’expositions et de beau temps. Les seules gouttes de pluie de cette période ayant décidées de venir clairsemer l’assistance de la balade « à la recherche de la villa Kernot ». Cette promenade, mardi dernier, ayant été malgré cela un succès, comme je l’écrivais dans le compte-rendu envoyé au correspondant du journal local, cela a permis de faire surgir trois nouveaux travaux de Kerga ! Deux papiers à entête d’entreprises roscovites d’avant-guerrre, suite à la parution dans le journal de l’annonce de la balade, et une gouache montrée sur son appareil photo par l’un des participant à la fin de la promenade.

C’est amusant de voir ses propres mots publiés dans la presse… Plus ou moins remaniés toutefois. Vous pourrez lire les trois versions à la fin de ce courrier si cela vous tente.

C’est sous le soleil, au début du petit festival, que je suis allé à bicyclette jusqu’à Plufur pour écouter le concert du duo Coloquintes dans la toujours aussi grandiose chapelle de Saint Nicolas, déroutante de majesté au fond de son vallon désert et boisé, puis après pique-nique solitaire et belles routes de campagne ombragées par Plouégat-Guerrand (où c’était la saison des cerises, dont je me suis raisonnablement gavées) et Lanmeur, je me suis rendu à Primel pour l’Ode Maritime de Fernando Pessoa, déclamée en musique par Valentin Boraud, accompagné d’Olivier Leinen et Camille Rancière. Cette Ode Maritime, peut-être devrais-je être honteux de ne l’avoir pas déjà lue, tant elle est puissamment évocatrice de la vie des marins de tous temps ; mais je suis heureux de l’avoir découvert ainsi, sublimement dite dans le cadre grandiose du gouffre de Primel, la brise marine s’étant elle même apaisée.

Vraiment, ce texte devrait être au programme des écoles de marine marchande !

Le dernier jour du festival, à la fin d’une belle moisson de concerts, c’est en voiture que je me suis arrêté juste avant le dernier de cette édition, donné en l’église de Plourin-lès-Morlaix : Le déluge universel, très bel oratorio redécouvert récemment de Falvetti, compositeur italien du 17e. Un petit crochet donc, à Plougonven, à l’invitation d’Anne-Laure Darmigny, épouse d’un ancien chef mécanicien de la Brittany-Ferries, tous deux bons amis. Elle expose pour la première fois ses oeuvres lors d’une exposition de peintres, résidant dans cette commune, dans la chapelle de l’enclos paroissial. Je prends le temps d’apprécier son beau et intéressant travail (sa toile intitulée « migrants » me captive particulièrement…), puis je profite de l’occasion pour me renseigner un peu sur le calvaire, sur lequel je souhaite rédiger un article (eh oui, je ne peux jamais m’empêcher totalement de décrocher de mon sujet favori… Vous aurez deviné… Kerga toujours !)

Au moment où j’écris ces lignes, sur France musique, passe un extrait du déluge universel…  de Falvetti, cela ne s’invente pas !

Kerga a représenté le calvaire de Plougonven dans l’album De l’Armor à l’Arré, bel ouvrage de luxe paru en 1927.Voici ce qu’en dit Fanch Gourvil :

Le Calvaire de Plougonven, bien qu’à mon avis la plus parfaite réalisation d’un genre architectural qui devait connaître en ce pays une brillante fortune, est le moins connu et le moins visité des grands calvaires de Bretagne. Les Bretons sont, en effet, dans la généralité des cas, ceux que les beautés de leur patrie laissent le plus indifférents, et rares sont ceux qui éprouvent le besoin de se déplacer pour admirer un monument ou un paysage, fussent-ils à leur portée immédiate ; par ailleurs, les touristes eux-mêmes éprouvent une insurmontable indifférence envers les curiosités situées en dehors des itinéraires convenus. Aussi Plougonven se trouvant, par malheur, à une dizaine de kilomètres en retrait de la grand route de Paris à Brest, il reçoit à peine la vingtième partie des visiteurs de Saint-Thégonnec et Guimilliau.

Le Calvaire de Plougonven, planche tirée à part de l’album de l’Armor à l’Arré, gravure sur bois rehaussée d’encre de chine, shg KGA.

Dressé au milieu du cimetière, face au porche de l’église, le calvaire porte sur son socle prismatique, taillées dans le Kersanton, les principales scènes du drame évangélique et l’image de Saint Yves, patron de la paroisse. Au dessus se détachent dans un équilibre classique, les croix des larrons, la croix principale avec ses croisillons supportant les cavaliers, les Saintes Femmes, et le Christ dominant douloureusement l’ensemble.

La date de 1554 donnée par une inscription en lettres gothiques atteste que Plougonven, loin d’être l’aboutissement d’un long effort collectif ou le perfectionnement de types antérieurs, est une création individuelle et pour ainsi dire spontanée. Si l’on excepte le mystérieux calvaire de Tronoën auquel il est presque impossible d’assigner une date à siècle près, et celui de Lanrivain, érigé en 1548, on observera que Plougonven l’emporte en ancienneté sur la plupart de ses grands congénères (Guimilliau 1581, Plougastel 1602, Pleyben, 1650, etc..). Son auteur inconnu a d’autant plus droit à notre admiration qu’il ne pouvait s’inspirer de nul précédent.

Mais ce que ne dit pas Gourvil, c’est que le calvaire a subi deux campagnes de restauration, la première en 1897-1898. Une croix de bois dominait l’ensemble depuis la disparition de la croix centrale à la révolution. Un brillant sculpteur de Plougonven, Yann Larhantec, fut chargé du chantier et créa trois croix nouvelles. Il sculpta également une nouvelle tête pour le diable, plus expressive que l’originale – autre temps, autres moeurs… je ne crois pas que serait tolérée aujourd’hui une telle action sur un monument âgé de 350 ans ! Mais les héritiers de Viollet le Duc n’étaient pas encore formés aux techniques de conservation et de restauration modernes.

S’il peut paraître étrange que Fanch Gourvil ne mentionne pas cette restauration – je me demande d’ailleurs réellement pourquoi : je ne peux pas croire que cela soit par ignorance, cette modification ayant été faite de son vivant (Notre érudit est né en 1889), de surcroît la date de 1898 est parfaitement visible sur la croix principale. Est-ce par peur de décourager les rares audacieux, qui étaient prêt à s’aventurer jusqu’aux contreforts des Monts d’Arrée, par la mention d’une restauration qui aurait risqué de paraître trop contemporaine à leur goût ?

Par contre, il est tout à fait normal qu’il n’évoque pas la campagne de restauration suivante… qui a eu lieu entre 1998 et 2009 ! Cette dernière a vu la reprise générale de la structure maçonnée, mais aussi la remise en « ordre » des scènes représentées, ce qui n’est pas non plus la moindre des décisions ! Le premier niveau raconte la vie de Jésus, le second la passion. Les scènes n’étaient pas organisées dans l’ordre chronologique, elles le sont désormais.

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L’une des particularités de ce calvaire que m’a signalé la jeune guide présente, qui garde en même temps l’exposition : c’est le seul en Bretagne ou Balthazar est représenté avec une physionomie « africaine ».

De mon côté je me suis amusé de remarquer que le plus grand personnage du premier étage est : Saint Yves ! Qui se tient bien droit entre le riche et le pauvre.

Le sculpteur l’a représenté plus grand que le Christ même… Tout honneur du au Saint patron de cette paroisse et seul Saint Breton reconnu par l’Eglise de Rome, qui plus est !

(note du 28 juillet : ce matin, en relisant cette lettre avant envoi, je tâche de vérifier par l’iconographie ce que j’ai appris sur les restaurations du calvaire, pour m’assurer que je ne vous raconte pas trop de sottises et je découvre en comparant une carte postale (vers 1910) et une photographie des années 1990, que les statues ont encore bougé entre 1898 et 1998 ! Ce qui a du être un argument de poids lors de la remise en ordre lors de la dernière restauration… Je découvre également sur la toile cet extrait, dont l’auteur n’est malheureusement pas cité : « J’ai vu pour la première fois le calvaire de Plougonven en 1896, peu avant sa restauration par Yan Larhantec. Il montrait encore de trop nombreuses traces du vandalisme révolutionnaire, et ses statues presque noires, que des plaques de lichens argentés, mordorés ou fauves couvraient de bizarres lèpres, se détachaient en vigueur sur le granit grisâtre des murailles de l’église. Dans les plis des vêtements de quelques unes, on remarquait des traces de peinture et de dorure, attestant qu’autrefois tout le monument était ainsi étoffé. » Et moi de me rendre compte qu’écrire l’histoire de ce calvaire ne tiendrai pas dans le cadre d’une lettre !)

A très bientôt

Etienne

PS : Le petit jeu des sept erreurs… et je m’aperçois en recopiant que les correspondants ont également corrigé de belles coquilles de mon texte d’origine ! Merci à eux.

Version envoyée aux correspondants :

Ils ont retrouvé la Villa Kernot !

Une quarantaine d’amateurs d’art et de balades ont sillonné les venelles entre le bourg et le port de Carantec, bravant quelques gouttes de pluie mais portés par les musiques d’Olivier Depoix. La petite troupe, guidé par Etienne de Kergariou, a finalement découvert la maison où ont grandi le peintre Kerga (Charles de Kergariou 1899-1956) mais également ses frères Xavier (tombé au champ d’honneur en septembre 1918) et Gabriel (mort en déportation en 1944 pour acte de résistance). Cette promenade musicale a permis de se figurer Carantec au moment où elle devient une station balnéaire au tournant des 19ème et 20ème siècles.

« L’un des but de ces évènements est de faire ressurgir des peintures de Kerga », nous explique le coordinateur de l’association. C’est chose faite car l’un des spectateur a signalé à la fin de la représentation qu’il possédait une petite gouache du « peintre de la Baie de Morlaix ».

Version du Télégramme :

Balade musicale. Ils ont retrouvé la Villa Kernot

La promenade sur les pas de Kerga a séduit ! Une quarantaine d’amateurs d’art et de balades a sillonné mardi 17 juillet, en fin de matinée les venelles entre le bourg et le port de Carantec, bravant quelques gouttes de pluie mais portés par les musiques d’Olivier Depoix. La petite troupe, guidée par Etienne de Kergariou, a finalement découvert la maison où ont grandi le peintre Kerga (Charles de Kergariou 1899-1956) mais également ses frères Xavier, tombé au champ d’honneur en septembre 1918, et Gabriel, mort en déportation en 1944 pour acte de résistance. Cette promenade musicale a permis de se figurer Carantec au moment où elle devient une station balnéaire au tournant des XIXet XXsiècles.

« L’un des but de ces évènements est de faire ressurgir des peintures de Kerga », expliquait Etienne de Kergariou au terme de la visite. C’est chose faite car l’un des spectateur a signalé à la fin de la représentation qu’il possédait une petite gouache du peintre de la Baie de Morlaix.

Version du Ouest France :

Ils ont retrouvé la Villa Kernot

Une quarantaine d’amateurs d’art et de balades ont sillonné les venelles, entre le bourg et le port de Carantec, portés par les musiques d’Olivier Depoix.

La petite troupe, guidée par Etienne de Kergariou, a finalement découvert la maison où ont grandi le peintre Kerga (Charles de Kergariou 1899-1956) mais également ses frères Xavier (tombé au champ d’honneur en septembre 1918) et Gabriel (mort en déportation en 1944 pour acte de résistance). Cette promenade musicale a permis de se figurer Carantec au moment où elle devient une station balnéaire au tournant des XIXet XXsiècles.

« L’un des but de ces évènements est de faire ressurgir des peintures de Kerga », explique le coordinateur de l’association. C’est chose faite car l’un des spectateur a signalé, à la fin de la représentation, qu’il possédait une petite gouache du peintre de la Baie de Morlaix.

La lettre

Archives…

La Chaffuste, le 15 juin 2017, au chaud sous les toits, après trois jours dans une fraîche bibliothèque…

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Bonjour à toutes et à tous,

Je rentre tout juste de la fin de mon exploration et du rangement de la correspondance de la Vicomtesse Gonzague de Kergariou, née Yvonne Guilloux, tante de Kerga. Un demi-mètre cube de courriers, poussiéreux, reçus entre 1908 et 1945 – ce couple eut une dizaine d’enfants, dont certaines filles écrivirent quotidiennement à leur mère pendant plus de vingt ans ! –

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Il devenait temps de débarrasser le plancher ! Depuis Pâques j’ai été, en trois sessions, y passer l’équivalent d’une grande semaine et depuis Pâques, les petits tas de lettres envahissaient, à chaque fois un peu plus nombreux, le sol de cette belle grande pièce. J’avais promis à mes cousins que je finirais avant l’été pour qu’ils puissent entamer la saison d’été dans une maison rangée.

Je viens ce matin de tout remettre en place dans l’armoire, classé par date, et m’en suis revenu pourvu d’informations très précieuses & d’anecdotes savoureuses…

 

A bientôt

Etienne

La lettre

Un atelier de Kerga

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30 avril 2017,

Je viens de rendre visite à une vieille dame roscovite qui a assez bien connu Kerga dans son enfance, car il fréquentait régulièrement le « grand café Montmartrois » que tenaient les parents de la toute jeune fille d’alors. M’ayant déjà montré il y a quelques années les tableaux qu’elle possédait, je me suis arrêté l’autre jour pour lui demander si je pouvais non seulement les revoir, mais aussi les photographier. Elle m’avait également parlé de l’atelier qu’avait occupé Kerga pendant quelques années de l’entre-deux-guerres. Elle me propose de le visiter, car la maison à laquelle est rattachée la tourelle où il travaillait alors appartient à l’un des vieux amis de cette dame. Très intéressé, nous convenons d’un rendez-vous pour le lendemain. Elle suggère alors :

– « Je ne pense pas qu’il veuille monter là-haut, je resterai à discuter en bas avec lui pendant que vous grimperez avec vos jeunes jambes. »

Le lendemain, je passe chercher ma guide et nous nous garons devant la grande bâtisse en pierre ; intégralement rebâtie dans les années 50. La tourelle seule reste d’origine, qui surplombe les toits et les jardins environnants. Le propriétaire nous accueille, fringant nonagénaire, et ni une, ni deux, il propose que nous montions tous ensemble pour apprécier la belle vue de là-haut. Trois volées d’escalier en granite patiné par le temps, une d’un haut escalier de bois. Eux s’arrêteront là, ils n’ont tout de même pas emprunté l’échelle de meunier qui mène au tout dernier niveau ! Mes nonagénaires, 90 et 94 ans, discutent de leurs copains roscovites pendant que je fais crépiter mon appareil de photo. Quelle belle vue et quelle belle lumière avait Kerga pour travailler. Par dessus les toits, de nombreuses vues sur la mer, la lanterne du phare et le clocher tout proche, à notre hauteur.

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Vient maintenant le temps de la descente… se déroulera-t’elle aussi bien que la montée ? Car il y aurait de quoi faire le gros titre de la page locale : « Deux nonagénaires hélitreuillés pour redescendre de la tourelle ou ils étaient bloqués » ou « La grande échelle de sortie pour secourir deux nonagénaires en perdition » ! Mes inquiétudes furent infondées et tout le monde est bien redescendu.

 

A très bientôt

Etienne

Les événements

Comprendre le décor de Perharidy, conférence le 9 août.

Jeudi 9 août 2018

17h15,

Rendez-vous devant l’accueil de la fondation Ildys

Perharidy, Roscoff

Affiche des conférences des Jeudis de Perharidy, saison 2018, maquette d’un panneau du décor, shd KGA. Tous droits réservés.

L’association Kerga est invitée par la fondation Ildys à présenter le décor de la salle des fêtes de Perharidy, dans le cadre de la saison culturelle du centre : les Jeudis de Perharidy, et en collaboration avec l’association HéSCO.

Cette conférence, intitulée : « découvrir le peintre & comprendre le décor du sanatorium marin » sera animée par Etienne de Kergariou coordinateur de l’association. La visite du gymnase où sont exposés les décors sera précédée d’une présentation de la vie de l’artiste illustrée par la projection sur écran de nombreuses reproductions d’œuvres du peintre.

Entrée libre, ouverte à tous : patients et soignants du centre, ainsi qu’aux personnes de l’extérieur.

Fonds de documentation

Armen n°42 ; catalogues des exposition de Morlaix en…

Bonjour à toutes et à tous,

Vous pourrez lire ci-après quelques idées couchées sur le papier au printemps 2017, alors que je cheminais sur le sentier des douaniers, profitant d’une brève accalmie vespérale après une journée bien remplie. Ces réflexions sont une manière de présenter ces trois documents de notre fonds. Les deux premiers, Armen et Kerga aux Jacobins de Morlaix, ont été jusqu’à la parution d’ « Un littoral enchanté », les publications de référence sur Kerga :

(Numéro d’Armen : don d’Etienne de Kergariou ; catalogues de l’exposition de 1994 et de celle de Vannes en 2002 : offerts par Jean-Luc Guinamant)

Armen n°42 ; catalogues des expositions de Morlaix en 1994 et de Vannes en 2002.

La chose imprimée fait autorité. Lorsque je lis un article ou un livre, je considère a priori que ce qui y est écrit est vrai et j’avais ainsi plus ou moins intégré, assez naturellement, depuis l’exposition consacré à mon grand-oncle en 1994 à Morlaix que :

« Certes Kerga n’est pas, comme le rappelle René Le Bihan dans l’article qu’il a consacré au peintre dans la revue Ar Men, « l’auteur du chef-dœuvre inconnu, le génie négligé que certains attendaient… » mais son travail mérite aujourd’hui d’être redécouvert »

(P. Jourdan, catalogue de l’exposition de 1994 à Morlaix)

Mais aussi que :

« En vérité, point n’est besoin d’agiter des noms célèbres pour que Kerga, tout amateur qu’il fût, prenne place parmi les décorateurs bretons. »

« La taille du décor (de Perharidy) l’audace et la qualité de la couleur nourrissent une émotion visuelle. On en oublie la lourdeur et la maladresse du dessin, la naïveté incontestable de la mise en place. Parce qu’il était autodidacte, Kerga maîtrisait parfois mal les compositions ambitieuses où il s’était risqué. Au total, le sens de l’effet, la hardiesse de la transposition atténuent la faiblesse du métier, sans parvenir à gommer un irritant « effet de chromo ». Et l’on comprend bien que certains regards s’en agacent. Pourtant, un trouble profond tempère ces réserves, celui qui surgit de l’évocation simplifiée d’un monde à peu près disparu : le Léon paysan ou maritime des années 1930 et le sanatorium, aux enfants malades ou convalescents. »

(R. Le Bihan, article « Roscoff, un décor en péril », revue Armen, avril 1992)

C’est le regard d’autres artistes qui m’a donné confiance dans la qualité de son travail et je remercie particulièrement Annick Eschermann qui a été la première artiste à me faire part de son enthousiasme lorsqu’elle a découvert les quelques œuvres de Kerga contenues dans le catalogue de 1994 ainsi que les décors de Perharidy que nous avions été voir dans le nouveau gymnase. Elle l’a apprécié au point de lui rendre un discret hommage dans le portrait du voilier sur lequel mes parents tiraient un bord dans le chenal de Batz, ses nuages y évoquent la manière caractéristique de Kerga. Il me semble que le purgatoire de Kerga et de ses contemporains figuratif est définitivement passé, en témoigne l’exposition de 2002 à la Cohue de Vannes, dans le catalogue de laquelle on ne retrouve plus de réserves sur le style de Kerga, ou encore le récent déménagement de la très grande toile du musée de Rennes le moulin du Dourduff, qui en orne désormais le hall d’entrée (ancien décor de l’hôtel de Primel-Trégastel à Plougasnou).

Chaque personne, chaque artiste à qui j’ai montré mon catalogue encore maigre m’a appris à mieux apprécier ses œuvres (et je suis certain de leur sincérité, il ne m’ont pas dit « que c’est beau » juste pour me faire plaisir !)

Montrer les reproductions m’est utile : certains tableaux, que je n’aime pas plus que cela, plaisent à d’autres et, par les commentaires qu’ils font ou juste en les observant regarder, j’apprécie mieux certaines compositions. Je ne les aimerais peut-être pas plus, mais je les comprendrais mieux !

Pour en revenir à cet article de René le Bihan dans Armen : à chaque époque ses préjugés, et le préjugé qui dédaignait l’art décoratif des années 1930 était fortement ancré dans les institutions, si j’ai bien compris. L’action de René le Bihan pour la sauvegarde des décors de Perharidy lui assure toute ma reconnaissance, quand bien même il les aurait défendus pour leurs côtés documentaires plus que pour ses qualités artistiques ; et j’ai la même reconnaissance pour l’action de Patrick Jourdan dans la diffusion de l’œuvre de Kerga, sans l’exposition qu’il a contribué à organiser, je ne ferais pas ce travail aujourd’hui. Lorsque je cite ces extraits, cela n’est donc pas pour dénigrer leurs auteurs mais bien pour montrer d’où je suis parti intellectuellement pour reconnaître la qualité artistique de Kerga. A chaque fois que j’ai observé l’enthousiasme des personnes à qui j’ai montré les reproductions que j’ai collectées, à chaque nouvelle œuvre découverte, les réserves anciennes sur la « maladresse » de ses compositions sont mentalement tombées, progressivement et de manière inconsciente. Ce qui fait qu’aujourd’hui certains propos autrefois acceptés m’apparaissent, lorsque je les relis ce soir, scandaleux, en leur accordant néanmoins toutes les circonstances atténuantes.

Et je comprends en rédigeant ces lignes pourquoi je le présentait ainsi il y a quelques mois : « figuratif, naïf mais pas maladroit, avec un très beau sens de la composition et un excellent coloriste ». Si j’avais ce besoin de préciser qu’il n’était pas maladroit, c’était sans doute pour m’affranchir de cette critique, que j’avais lue et intégrée…

Enfin, Je terminerai en analysant le qualificatif « d’amateur » que René Le Bihan lui accordait. Etant donné l’état des connaissances il y a 25 ans, était-ce choquant de le penser ? Après neuf mois de recherche, je suis parfaitement en mesure d’affirmer l’inverse, et seul l’acception étymologique de l’amateur – qui aime – peut lui être associée.

Il a vécu de sa peinture pendant 25 ans, plus ou moins bien certes (mais il n’est pas le seul dans ce cas !) Il n’est donc pas amateur dans le sens : amateur versus professionnel.

Et en ce qui concerne la maîtrise et la cohérence de son style, j’ai hâte de vous faire découvrir l’intégralité de mon amorce de catalogue, rien d’amateur là dedans non plus, puis-je vous assurer !

A bientôt

Etienne

Fonds de documentation

« Au Vieux Chêne, Antiquités L. Tréanton »

Vignette du magasin Tréanton, fonds de documentation de l’association KGA, tous droits réservés.

12 juin 2018

Ce petit document (hauteur : 6,3 cm largeur : 5 cm) a été offert à l’association par Donatienne Salvant-Tréanton, qui continue à accueillir les amateurs de belles choses anciennes dans cette institution morlaisienne, fondée par son grand-père en 1904.

Le magasin Tréanton a connu trois emplacements :

Jean-Marie Tréanton, sculpteur, avait fondé son commerce de restauration et de sculpture au bas des Cent-Marches ;

Il déménage à la fin de la première guerre mondiale au 7, rue Longue, c’est la devanture représentée sur cette gravure de KGA. Lucien y rejoint son père puis reprend le commerce en 1933 ;

En 1953 Lucien déménage le magasin rue de Paris, son emplacement actuel, une ancienne conserverie de beurre, où il tient boutique avec son épouse. Au décès de Lucien Tréanton en 1982 mère et fille s’associent jusqu’au décès de Janine Tréanton en 2001.

Cette représentation du magasin a été demandée par Lucien Tréanton, car c’est son prénom que porte l’enseigne, nous sommes donc après la passation en 1933 et avant le déménagement de 1953… Arrivera-t-on à affiner encore la datation ?

Quant à l’usage de cette illustration : cela pourrait être une étiquette à appliquer sur les objets qui sortaient du magasin, ou servait-elle personnaliser les expéditions ?

Encore des petites enquêtes à mener !

source des données sur l’historique du magasin :

http://benoit.salvant.espci.org/treanton_antiquites/histoire.htm

EdK

Fonds de documentation

« Maison de la Reine Anne »

Printemps 2018

Fonds de documentation de l’association Kerga. Tous droits réservés

L’association Kerga doit à Philippe Lahellec d’avoir dégoté cette carte postale publicitaire. Très investi dans la restauration de cette maison familiale, il a enclenché les démarches de restauration, avec le soutien de sa famille, et surveille attentivement les différentes étapes de sa remise en état.

Il tâche également d’en reconstituer l’histoire, glanant iconographie et renseignements, qui seront la matière d’un livre.
Il m’avait d’abord signalé l’existence de ce papier à lettre à entête, que la locataire de l’époque, la vicomtesse Elisabeth de Chabre avait fait imprimer chez Chevalier. Ce document est orné d’une illustration de KGA et il est également l’auteur de la typographie. Si l’on en croit le cartouche de l’imprimeur en bas de la feuille, le dessin est de Kerga et la gravure en deux tons a été réalisée par J. Guillou Sr(sculpteur).

Tous droits réservés

 

 

 

 

Quelque temps plus tard il me signale notre carte postale, qu’il vient de découvrir en vente et se demande si l’association ne serait pas intéressée par son achat…

Evidemment oui !

Suspens des enchères en ligne… personne n’enchérit après moi, ouf !

A propos d’Elisabeth de Chabre, Philippe Lahellec nous apprend qu’elle « est née Elisabeth Pennec, à Nantes le 6 avril 1892. Elle est décédée à Paris, le 22 février 1966. Elle avait épousé Etienne de Chabre (1881-1926) en premières noces. Elle s’est remariée à Paris avec le comte Jean de Broel Plater, aristocrate polonais, le 26 mars 1932. »

Elle loua la maison dite « de la duchesse Anne » entre 1927 et 1931 et commanda à Kerga au moins ces deux travaux.

Notre carte postale publicitaire, imprimée par Boclé, représente la façade est de la maison, qui donne aujourd’hui sur la place Allende. Je vois dans l’encre rouge utilisée un clin d’œil très contemporain sur le débat concernant la couleur sur les maisons à pans de bois, que le dix-neuvième siècle avait fixée au brun foncé ! Il a fallu attendre les années 90 du vingtième siècle pour concevoir et tolérer un retour de couleurs vives dans nos quartiers médiévaux, quand à l’origine les bois étaient teintés souvent au sang de bœuf, et parfois en complète polychromie.

La façade ouest, à l’arrière de la maison dite « de la duchesse Anne » après restauration. Photo Philippe Lahellec.

Rien d’exceptionnel dans ces productions de l’artiste, juste l’efficacité avec laquelle Kerga rend hommage à ce patrimoine morlaisien mythique.

J’en profite pour vous recommander la visite de cette maison, elle vaut le voyage !

Etienne

duchesse.anne.morlaix@gmail.com

http://duchesseanne-morlaix.weebly.com/

La lettre

Le recto du verso.

mi-janvier 2017

Un petit mot pour partager avec vous un peu de mon quotidien de recherches…

De Lizzie de Kergariou à sa mère, Suzan Clarke. (Mère et grand-mère de Kerga.)

2 octobre 1909

Archives de l’auteur, tous droits réservés

Arrived all right. Thanks for provisions & bag. You will see our rooms marked with cross; large house standing alone corner of Place. Above St Yves religious college. The lycée is same situation but just a little to the left so not in the photo. Adress Place de Brest à Quimper

Love & Kisses

Lizzie

« Bien arrivés. Merci pour les provisions et pour le sac. Tu verras nos appartements marqués d’une croix ; grande maison seule dans son coin. Au dessus le collège catholique St Yves. Le lycée est à la même hauteur, mais juste un peu sur la gauche, donc pas sur la photo. Adresse : Place de Brest à Quimper.

Je t’embrasse affectueusement

Lizzie »

Ces cartes postales ont transité par bien des ambiances humides avant que je ne les exploite. Beaucoup se démontent : la photo, deux ou trois feuilles blanches pour ajouter de la raideur, puis le recto, qui porte timbre, adresse et texte. Chaque carte est donc autant de liasse de plusieurs morceaux de papier. Malgré tout le soin qu’ont apporté celles et ceux qui les ont consultées avant moi, il fallait bien que quelques unes se soient dépareillées… Sur la centaine de cartes échangées entre Lizzie et sa mère, lorsque je les recopie, seules trois ne sont pas complètes.

Evidemment, celle dont vous avez lu le texte ci-avant en fait partie ! AH GRRRR ! Celle qui permet de savoir où Kerga et sa famille ont passé cinq années scolaires, puisqu’une croix indique sur la photo, la maison dont il s’agit : frustrant, très frustrant ! D’autant plus que j’ai le vague souvenir d’avoir vu une carte de Quimper sur laquelle figurait une croix au crayon… Une dizaine de jours plus tard, je prends le temps de revérifier l’intégralité des cartes vierges de ce fonds (de carton). Les ayant déjà plus ou moins classées par lieu représenté lors d’un précédent rangement il y a quatre ans, je me concentre sur celles du Finistère-sud ainsi que sur celles non encore rangées. Après peut-être une heure…

Archives de l’auteur, tous droits réservés

Hourra ! J’ai le recto du verso et me précipite sur la toile électronique pour voir si la maison est toujours là. La place de Brest est devenue Alexandre Massé, la maison a été surélevée de deux étages, mais elle est toujours au même coin de la même rue !

A très bientôt,

Etienne